Silfiac

La Chapelle Saint-Laurent en Silfiac

Géographie

Le village de Saint-Laurent est situé sur la commune de Silfiac, plus haute commune du Morbihan et qui abrite environ 470 habitants.

Situé sur une route importante, menant de Pontivy à Rostrenen, le village de Saint-Laurent compte aujourd’hui une vingtaine d’habitants.

Un peu d’histoire

L’Armorique est bretonisée et christianisée entre le Ve et VIIIe siècle. La présence de l’évangélisateur Saint-Felan est attestée à Silfiac. Le village du même nom abritait une chapelle jusqu’aux années 1960.

D’autre part, Silfiac est érigée en paroisse en 871.

A Saint Laurent, il n’y a aucune trace historique d’un lieu de culte antérieur à l’actuelle chapelle, cependant, la présence d’une fontaine à l’intérieur de l’édifice pourrait attester d’un culte celte lié à l’eau…

Construction de la chapelle Saint-Laurent

L’édifice actuel daterait de la première moitié du XVe siècle, soit quelques décennies après le début de la seigneurie d’Alain Fraval de Crénihuel en 1394, Les travaux ont pu durer plus de 50 ans en commençant par le choeur, puis le transept et la nef.

Un indice permet de dater la fin du chœur: à l’extérieur. sur une niche d’un contrefort, «un personnage grotesque unissant la patte d’un lièvre et celle d’un lévrier placé à ses côtés » (on retrouve un tel motif à Saint-Fiacre du Faouët) serait selon l’historien Mr Cayot-Delindre (1847), une allusion satirique au mariage d’Anne de Bretagne avec Charles VII en 1491. Celui-ci débouchera sur l’union administrative de la Bretagne à la France en 1532. La présence de fleurs de Ns sur l’une des fenêtres de la nef, Construite postérieurement, en témoignerait.

Le financement de la construction est l’ œuvre de la famille Fraval, seigneurs de Crénihuel ( à l’emplacement actuel du village vacances LVB), alliée à la puissante famille des Rohan-Guémené.

On retrouve leurs blasons respectifs notamment sur le pignon sud du transept. Selon des sources du XVIe et XVIe siècles, les donateurs avaient des «prééminences de tombes, enfeus et chapelle en l’église paroissiale de Silfiac, et d’armoiries en ladite église et dans la chapelle Saint-Lewent, banc et accoudoir, et dans la chapelle de Saint-Felan, tous droits de prééminences et prérogatives comme seigneurs fondateurs ».

La qualité de la construction témoigne de la prospérité de ses commanditaires. Il est difficile de ne pas faire le lien avec les célèbres foires qui ont eu lieu à Saint-Laurent jusqu’au milieu du XXe siècle. On a pu en compter jusqu’à 7 par an, dont la plus fameuse est celle du 10 août. Le pardon de Saint-Laurent célébré chaque premier dimanche d’août en porte la mémoire…

5 à 6 caves à cidre , sorte de tumulus, étaient disséminées sur la place , au Nord de la chapelle. Les seigneurs avaient alors droit de percevoir une pinte de vin ou de cidre de chaque cabaretier et de prendre une poignée d’argent des offrandes à la messe !

Une histoire mouvementée

Le premier repentir au projet initial est la construction d’une sacristie, probablement consécutive au concile de Trente (1545). Elle entraîne le retournement de la porte d’accès au chœur et la rupture du bandeau formant lisse entourant le bâtiment à l’extérieur.

Plus difficile à expliquer, sont la reconstruction du mur nord de la nef, de moins bonne facture, et les traces d’un édicule au Sud (une chapelle seigneuriale ?) . Faut-il y lire les conséquences d’un sinistre ou des guerres de la Ligue, qui ont mis en fuite les Rohan (fin du XVle siècle) ? Le clocher actuel , daté dans la pierre de 1655, marquerait la fin de la reconstruction.

Les financements vont ensuite régulièrement manquer pour l’entretien du bâtiment, notamment après la Révolution; ainsi , en 1806, le maire de Silfiac s’interroge sur son devenir et propose de reconvertir la chapelle en caserne ou en écurie !

Des réparations se font dans l’urgence à partir de 1921 jusqu’aux grands travaux de 2008 (charpente, toiture et éléments de maçonnerie), financés par la commune de Silfiac et la communauté de communes de Pontivy qui garantissent enfin la pérennité du bâtiment.

Enfin, une association «les Amis de Saint-Pierre et Saint-Laurent», créée en 1970, s’emploie aussi à entretenir et faire vivre la chapelle.

L’intérieur en détails

Le plan intérieur est celui d’une croix latine de 21 m x 6 m, composé d’une nef à vaisseau unique et d’un transept dissymétrique, particularité à ce jour inexpliquée. Le chœur est à chevet plat.

L’accès à la sacristie se fait par une porte dont l’embrase à voussures est surmontée d’une accolade axiale. Cette porte , comme nous l’avons dit, se trouvait très vraisemblablement à l’extérieur de la chapelle avant la construction de la sacristie.

On trouve dans le chœur une très belle niche avec accolades et pinacles décorés ayant sans doute servi de piscine pour les baptêmes, laissant appæraître des traces de polychromie.

De nombreux socles armoriés supportent des statues peintes: Sainte-Anne , qui tient à deux mains le livre des écritures, Saint-Laurent , en habit de diacre, porteur de son gril, Saint Joseph, un dominicain qui lève le bras dans un geste théätral un moine en robe de bure qui porte un livre et un chapelet, Saint-Pierre, une clé accrochée à la ceinture, Saint-Jean Baptiste qui porte l’agneau, Saint-Yves, en rocher, coiffé du bonnet camé et enfin une pietà polychrome pathétique, raidie dans sa douleur.

Le sol est constitué de grandes dalles d’ardoises. Une porte permet de rejoindre la chambre des cloches, en empruntant un escalier à vis situé dans la tour de plan hexagonal située hors d’œuvre.

A l’entrée du croisillon nord, la fontaine creusée à même le sol est dédiée à Saint-Nodez et æs eaux sont réputées pour soigner les maux de pieds.

Maintenant, levez la tête! : la charpente rénovée laisse apparaître les traces du lambris aujourd’hui totalement disparu. On peut encore apercevoir des traces de sculpture sur les planches de rives inférieures de l’ancienne voûte dont une petite tête sculptée.

Ressortons

La façade sud de la chapelle est la plus remarquable ; inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monument Historiques en 1925, elle présente les blasons des Rohan « de gueules à neuf macles d’or» , ceux de Fraval de Crénihuel « de gueules à la croix engrêlée d’argent», et un troisième blason non identifié qui semble être «d’azur à une face d’hermine». Un cadran solaire complète l’ensemble.

Trois portes permettent d’entrer : l’entrée d’honneur,
 à l’ouest, sur le transept, et sur la façade sud, une entrée régulière très simple, et une entrée plus travaillée constituée d’une succession de voussures encadrées par deux pinacles.

Les contreforts situés autour de la chapelle sont de trois types : simples (au Nord et à l’Ouest), ornementés (à l’est) et gothique (au Sud). Dans les angles, ils sont creusés de niches à cul de lampe historiés et de dais finement sculptés.

La grande baie axiale, elle, s’évide en cavet et ses quatre formes trilobées soutiennent un remplage rayonnant.